• La Mayenne à l'œuvre (site de l'Ambassade France en Biélorussie)

     

     

    Exposition « La Mayenne à l’œuvre : croisements et filiation » à Minsk  

    L’exposition « La Mayenne à l’œuvre : croisements et filiation » aura lieu du 4 décembre 2013 au 6 janvier 2014 au Musée National de Beaux-Arts de Biélorussie (20, rue Lénine). Cette exposition co-organisée par l’Ambassade de France en Biélorussie, propose pour la première fois en Biélorussie une sélection d’œuvres d’artistes français vivant en Mayenne et représentants les arts naïf, populaire et singulier. Les œuvres présentées à Minsk sont prêtées par le Musée d’art naïf et singulier de Laval, les collectionneurs Michel Leroux et Marc Valin, ainsi que par les artistes eux-mêmes.

     

    Dans les années 1960–1970, époque que Jean-Louis Cerisier, commissaire français de l’exposition, qualifie de « bouillonnement artistique », s’est constitué en Mayenne et principalement à Laval, un véritable mouvement

    créatif, qui perdure aujourd’hui. Ainsi, Brigitte Maurice (1948), qui commença sa vie artistique à Paris, fut conseillée par Jean-Pierre Bouvet (1937–1976, artiste-peintre, devenu conservateur du Musée de Laval de 1965 à 1976) et s’est installée durablement à Laval, réalisant une œuvre emprunte de réminiscences et de mystère. De même, Jacques Reumeau (1949–1987), créateur autodidacte, a bénéficié dans ses débuts des conseils de François Aubin Barbâtre (1938) et de Jean-Eric Fouchault (1939–1995), artistes déjà affirmés.

    L’exposition aborde différents courants autodidactes (naïf, populaire, singulier) qui, en interagissant, ont impulsé une dynamique de création originale. Des influences, surréalistes, fantastiques ou oniriques, sont venues enrichir ces croisements . La présentation est limitée à 10 créateurs, mais d’autres personnalités (Gustave Cahoreau /1929/, Antoine Rigal /1966/, Joël Lorand /1962/, pour citer les plus connues) participent à ce renouveau.

    Par ses gravures, Amboise Paré (с. 1510–1590), dès le XVIe siècle ouvre la voie de l’imaginaire. Ce médecin du roi, fameux dessinateur, est le dépositaire symbolique d’une orientation fantastique de la création en Mayenne. De là est née une filiation qui prend appui au vingtième siècle sur les personnalités emblématiques d’Henri Rousseau (1844–1910) et d’Alfred Jarry (1873–1907). Ces références fortes permettent l’émergence d’autres personnalités indépendantes, issues du terroir et ayant exercé des métiers artisanaux, tels Robert Tatin (1902–1983), maçon, qui concentrera ses talents dans l’érection d’un temple panthéiste où sera présentée son interprétation poétique du monde (le Musée est passé sous contrôle du ministère de la culture sous André Malraux) ; ou Henri Trouillard (1892–1972), son contemporain, qui abandonne son métier d’ébéniste et se met à produire dans les années 1950–1960 une œuvre ayant une orientation naïve et fantastique. D’autres personnalités se révéleront : Jacques Reumeau qui peint et dessine une œuvre dérangeante et Alain Lacoste (1935) dont le travail, dans la tradition de Gaston Chaissac (1910–1964), bouscule les conventions graphiques, se rapprochant ainsi des Singuliers. La génération actuelle demeure fortement marquée par cette filiation. Serge Paillard (1958) révèle par le dessin l’archéologie mystérieuse d’une contrée imaginaire : la Patatonie. Jean-Louis Cerisier (1957) dessine et peint des mises en scène où s’entremêlent des éléments de songe et de réalité.

    La filiation est aussi à l’œuvre par le truchement du Musée du Vieux Château. Jules Lefranc (1887–1972), né à Laval, quincaillier à Paris, hérite du génie de son illustre prédécesseur Rousseau par la qualité de sa peinture et choisit Laval pour le legs de sa collection personnelle et la création du Musée d’art naïf en 1967. Ses successeurs, Jean-Pierre Bouvet, Charles Schaettel et les suivants, poursuivront cet ancrage naïf au pays de Rousseau en présentant d’autres figures marquantes, dans le cadre d’expositions et de biennales. A Antoinette Le Falher revient aujourd’hui l’importante mission de réunir les courants naïf et singulier au Musée

    et lui donner ainsi une dimension nouvelle. La région du Maine dont dépend la Mayenne, située au nord de la région Pays de Loire et se trouvant aux confins de la Bretagne, de l’Anjou, de la Normandie et de l’Ile de France, a développé sa propre culture. Grâce au collectionneur, Michel Leroux (1944) présente deux créateurs issus du monde de la tradition populaire rurale : Céneré Hubert (1910–2001), maréchal-ferrant et ferronnier, qui a créé une œuvre en métal repoussé où s’exprime sa tendresse pour le monde animal, et Patrick Chapelière (1953) qui rend avec délicatesse hommage à la nature. Car c’est aussi par un échange permanent avec la campagne, lieu de ressourcement, que les créateurs du « Pays d’ici » trouvent de nouvelles germinations.

    En 1996, Bruno Montpied (1954), écrivain, peintre et médiateur de l’art brut et des arts spontanés à l’occasion d’un article sur Jean-Louis Cerisier publié dans la revue 303 (n° XLIX, 1996), avait avancé le terme « d’école lavalloise de figuration poétique ». Dans le même temps, plusieurs créateurs mayennais commençaient à être exposés hors de leur sphère géographique, principalement au site de la création Franche, devenu Musée, à Bègles. D’abord Alain Lacoste, Antoine Rigal (1962) et Sylvie Blanchard (1964) puis Jean-Louis Cerisier, Joël Lorand (1962), Gustave Cahoreau (1929) et Serge Paillard. La présente exposition poursuit cette démarche de dévoilement, hors de ses frontières, d’un mouvement dont les ramifications demeurent méconnues.

    L’exposition « La Mayenne à l’œuvre : croisements et filiation » est organisée par le Musée National des Beaux-Arts de Biélorussie et l’Ambassade de France en Biélorussie avec le soutien du Musée d’art naïf et singulier de la ville de Laval, la Mairie de la ville de Laval ainsi que de la société AsstrA.


    publié le 28 novembre 2013 → Site de l'ambassade de France à Minsk