• Un monde bien étrange que ce monde inventé par Serge Paillard, à l’échelle de nos amies les pommes de terre.

    De l’œil de Parmentier au microcosme patatonien, ces tubercules auront échappé à bien des gloutonneries. Véritables coquilles introspectives, elles sont là, désormais ouvertes sur l’espace du dedans, habitacle sûr où la vie intériorisée trouve refuge avant ou après quelque désastre survenu dehors.

    L'artiste expérimente plus spécialement l’encre de chine, le crayon, le trait. Et comme c’est heureux ! Dessinateur minutieux, il crée à la manière des graveurs, d’un trait incisif sur un plan neutre. Des personnages singuliers apparaissent, évoluant dans des espaces limités, comme réglés par des habitudes arrêtées à jamais.
    Par ailleurs, de ses incessants et secrets voyages en Patatonie, expéditions ô combien fructueuses, l'explorateur rapporte les vestiges dont il alimente ce musée étrange qu'il nous propose. Et il photographie des espaces qui viennent augmenter d'autant celui qui déjà nous enferme.
    Monde volontiers inquiétant si on s’y laisse prendre, ou hautement drolatique si on veut bien converser avec lui, de plain-pied. Une bonne dose de décontraction servira bien le visiteur car ces images-miroirs tournent vite en image de cauchemar pour peu que l’humeur veuille virer au sombre.

    Poète certes, en cela qu’il bâtit un univers propre à partir de visions rêvées, Serge Paillard est sensible aux apparitions incongrues, aux évidences du second degré, loin du trivial spectacle le plus en vue, mais bel et bien au plus près du mystère et du bizarre.

    M. Lochu (2012)
      


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